La forêt de Nouvelle-Aquitaine

D’après le Mémento de l’inventaire forestier IGN 2025

1. Une région forestière majeure

La Nouvelle-Aquitaine reste, en 2025, la première région forestière française (en surface, pas en taux de boisement), avec près de 2,94 millions d’hectares de forêts, soit un tiers du territoire (35 %).

Le volume total de bois vivant en Nouvelle-Aquitaine atteint 426 millions de m3, avec un volume moyen de 150 m³ par hectare. Cette moyenne cache toutefois une grande diversité selon les massifs.

Dans les Landes de Gascogne, le pin maritime demeure l’essence emblématique : il représente une part considérable de la production nationale de bois d’œuvre et de bois d’industrie. Dans le Limousin et le Périgord, les feuillus dominent, notamment les chênes pédonculé et pubescent, accompagnés de hêtre et de châtaignier. À ces peuplements naturels s’ajoutent de vastes plantations de douglas, particulièrement dynamiques dans le centre et le nord-est de la région.

Cette diversité confère à la forêt néo-aquitaine une grande multifonctionnalité : production de bois, séquestration du carbone, accueil de biodiversité, protection des sols et régulation hydrologique.

Les forêts plantées (en France) contribuent plus que les autres à la bioéconomie, notamment du fait des essences choisies. La croissance y est plus forte (10,3 m³/ha/an contre 4,5 m3 pour les forêts régénérées naturellement) et elles contribuent à hauteur de 27 % à la production biologique totale.  La récolte de bois y est aussi plus importante (8,4 m3/ha/an vs 2,4 m3/ha/an), et elles fournissent 37 % des volumes de bois récoltés.

2. Une forêt majoritairement privée

Dans l’Ouest de la France, la part de la forêt privée est nettement plus élevée que la moyenne nationale. La Nouvelle-Aquitaine fait donc partie des régions les plus privées de France avec plus de 90 % de sa forêt appartenant à des propriétaires individuels ou regroupés. Seule une petite part (moins de 10 %) relève du régime forestier, répartie entre forêts domaniales, communales, autres collectivités locales ou à des établissements publics.

3. Dynamique et fragilité

Les chiffres de l’IGN révèlent une forêt néo-aquitaine encore en expansion. La production biologique annuelle est estimée à 19,6 millions de m3/an, tandis que les prélèvements atteignent 11,3 millions de m3/an. Le bilan des flux de bois (différence entre production, mortalité et récolte) reste positif, à +6,3 millions de m3/an, traduisant une augmentation nette du stock sur pied.

Sur la période 1985-2024, l’évolution départementale du volume du bois vivant est contrastée. Même si l’évolution est supérieure à 50 % en 40 ans (1985 à 2024), deux départements enregistrent une diminution : la Gironde (-4 %) et les Landes (- 27 %) en raison des tempêtes de 1999 (tempête Lothar et Martin) et 2009 (tempête Klaus). Depuis, le volume y augmente à nouveau.

Cependant, les signaux d’alerte se multiplient. Sur la période 2015-2023, la mortalité progresse, atteignant 2,0 millions de m3/an (contre 0,7 sur la période 2014-2022), en lien avec les épisodes de sécheresse, les tempêtes et les pathogènes. La situation est contrastée selon les essences. Le pin maritime, malgré une reprise du volume après les tempêtes (dans les Landes), subit les contraintes du climat et de la pression parasitaire. Les feuillus du nord-est de la région (notamment châtaigniers et frênes) connaissent, eux aussi, des dépérissements localisés liés aux maladies et aux sécheresses répétées. Dans l’ensemble, la forêt s’oriente vers un certain « mûrissement » : le nombre de tiges à l’hectare a légèrement diminué, les arbres sont donc plus gros et/ou plus grands (le volume unitaire moyen d’un arbre est passé de 0,19 m3 a 0,25 m3).

4. Régénération et résilience

L’édition 2025 du mémento accorde une place au suivi de la régénération forestière et de la pression des ongulés sauvages. En Nouvelle-Aquitaine, la régénération naturelle domine, mais la régénération artificielle (plantation ou semis) reste très développée, notamment pour le pin maritime, le douglas et certaines espèces de diversification.

La mise en œuvre de dispositifs de protection sur plus de 230 000 hectares en France (¾ en forme individuelle (gaine) et  ¼ en collectif (grillage)) témoignent de l’engagement des propriétaires dans le renouvellement forestier et la préparation de la forêt de demain.

5. La forêt au cœur des transitions

La forêt néo-aquitaine joue un rôle dans la décarbonation de l’économie. Le bois qu’elle produit constitue un matériau stratégique pour la construction, la rénovation et l’énergie renouvelable. Chaque mètre cube de bois mobilisé représente du carbone séquestré et des émissions évitées. Avec des prélèvements encore inférieurs à la production, la région conserve un potentiel de mobilisation durable.