Orchestrées par le RMT Aforce*, deux journées riches en informations et en échanges se sont tenues les 3 et 4 Juillet dans les Deux-Sèvres. 70 personnes se sont réunies pour évoquer la question de l’expérimentation autours des essences adaptées au changement climatique.
Des exposés en salle et des visites de terrain ont permis de faire le point sur les résultats de programmes passés ou en cours (REINFFORCE, REFER, ESPERENSE, etc.) et de répondre à de nombreuses questions. Quelles essences et quelles provenances installer, quel protocole adopter pour répondre à quelles questions, dans quel territoire travailler en priorité ? Est-il possible de tirer des enseignements relatifs à l’implantation ancienne et ponctuelle d’essences originales et d’intérêt aujourd’hui ?
Des éléments de réponse émergent et certaines essences semblent présenter des capacités de survie et de croissance adaptées au nouveau contexte climatique.
Mais l’équation est complexe : les essences et provenances testées doivent résister à une augmentation des températures moyennes et à une recrudescence des sécheresses tout en tolérant les gels précoces et tardifs qui peuvent se maintenir encore dans les prochaines années. Elles doivent également faire face à une combinaison de risques dont certains découlent du changement climatiques et d’autres non (dégâts de gibier par exemple). Dans ce contexte il faut parfois faire face à des injonctions contradictoires et hiérarchiser les priorités en fonction des contextes locaux.
Les échanges ont également permis d’aborder les difficultés de ce type d’expérimentation :
- l’approvisionnement en plants souvent difficile,
- la difficulté de suivi sur le long terme du fait du manque de financement sur la durée,
- le besoin d’élargir le panel de critères suivis sur ces expérimentations qui font essentiellement l’objet de notations sur la survie des essences et sur la croissance des plants. Des critères sanitaires ou des éléments liés au fonctionnement des sols (cortège mycorhizien notamment) pourraient par exemple être étudiés en complément.
- la question de l’acceptabilité de l’introduction d’essences nouvelles, notamment par la société civile,
- la poursuite de la mise en commun et du partage des résultats entre structures pour consolider les conclusions.
Les échanges ont également mis en évidence l’importance de chaque maillon du système et la nécessité du travail en commun : depuis le propriétaire jusqu’au gestionnaire, aux structures de recherche et de recherche-développement, aux écoles forestières et aux financeurs.
Les évolutions climatiques sont flagrantes et leurs impacts sur les forêts avérés. En 10 ans on a vu le taux de mortalité des arbres augmenter de 54 % en France (données IGN) et l’accroissement annuel en volume baisser (de 2,4 à 1,6 m3/ha). Les participants se sont accordés sur le fait que l’on court après le temps en forêt si l’on tient compte des évolutions climatiques rapides et des problèmes sanitaires émergeant qui impactent les peuplements forestiers.
Il est important de poursuivre ces travaux d’expérimentation, en particulier pour alimenter au fil de l’eau les outils sylvoclimatiques d’aide à la décision tels que Bioclimsol et ClimEssences.
Les travaux du RMT Aforce bénéficient du soutien marqué de l’Interprofession nationale (France Bois Forêt) et du Ministère de l’Agriculture qui ont tous deux conclu ces journées en insistant sur leur intérêt pour la poursuite de ces travaux et du riche partenariat engagé dans ce réseau.
* Réseau Mixte Technologique Adaptation des Forêts au Changement climatique