Les chênes (pédonculés, sessiles, verts, tauzin, pubescents...) sont omniprésents en Nouvelle-Aquitaine. Ils représentent une ressource considérable mais qui s'avère notoirement sous-exploitée.
Il est important de veiller à l'amélioration des peuplements productifs pour les accompagner vers la production de bois d'oeuvre.
De même la régénération des peuplements est rarement anticipée conduisant à un appauvrissement en qualité ou à des coûts de reboisement non compétitifs.
Traitement en taillis, en futaie régulière ou irrégulière, les chênes se prêtent à de nombreux itinéraires sylvicoles.
Les chênes de pays
En Nouvelle-Aquitaine, les deux chênes susceptibles de produire du bois d’œuvre sont le Chêne sessile, aussi appelé Chêne rouvre, et le Chêne pédonculé. Bien que ressemblants, il importe de savoir les distinguer car leur comportement diffère sensiblement.
- Le Chêne pédonculé est un arbre au port massif, irrégulier avec des branches souvent tortueuses. Le gland est porté par un pédoncule. Les feuilles ont un pétiole très court. L’écorce présente de longues fissures verticales.
- Le Chêne sessile est un arbre au port massif, régulier avec une branchaison en éventail et des branches plus droites. Le gland est directement inséré sur le rameau. Les feuilles ont un long pétiole. L’écorce présente des fissures à la fois verticales et transversales.
- D’autres chênes sont présents : tauzin, chevelu, vert, liège. Ils sont inaptes à produire du bois d’œuvre.
- Le Chêne pubescent, très présent sur les terrains calcaires superficiels où sa croissance est très lente, peut présenter un intérêt dans le cadre du changement climatique
Exigences
Le Chêne sessile craint le froid et les gelées de printemps. Assez rustique, il peut accepter une faible alimentation en eau estivale et une certaine pauvreté du sol.
Le Chêne pédonculé demande des sols riches (meilleure tolérance aux sols calcaires) et bien alimentés en eau toute l’année. Il supporte l’excès d’eau temporaire et les sols argileux ou compacts. Malheureusement, son comportement pionnier l’amène à se développer sur des sols ne lui convenant pas d’où des résultats décevants et de forts risques de dépérissements, surtout en période de sécheresses répétées.
Ennemis
Les chênes, notamment lorsqu’ils sont installés dans des conditions ne leur convenant pas, sont sensibles aux insectes défoliateurs : chenilles du Bombyx cul-brun, du Bombyx disparate, Processionnaire du chêne, Tordeuse verte du chêne et aux champignons : Oïdium, Armillaire...
L’excès de grand gibier entraîne un abroutissement parfois systématique des rejets de taillis au profit d’espèces moins appétentes : noisetier, charme …
Production
La production des taillis de chênes sessile et pédonculé se situe aux alentours de 3 à 6 stères par ha et par an, pour un âge d’exploitabilité qui se situe entre 25 et 45 ans.
Les futaies régulières produisent en moyenne 3 à 5 m³ de bois d’œuvre par ha et par an sur un cycle de 90 à 120 ans.
Utilisations du bois
Le bois de ces deux chênes est dur et durable. Il comporte une part non négligeable d’aubier, plus tendre, et qui est purgé dans beaucoup d’usages.
Les utilisations sont variées en fonction de la qualité des produits : menuiserie, ébénisterie, placages, tonnellerie, charpente, parqueterie, palettes. Tous les chênes peuvent fournir du bois de feu et de trituration.
Prix du bois
Les prix observés lors des ventes goupés de bois suivies par le CRPF sont disponibles sur cette page.
Objectifs sylvicoles possibles
Peuplement initial | Age d'exploitation | Densité finale | Circonférence d'exploitabilité | Objectifs |
taillis simple | 25 à 30 ans | - | > 45 cm | - maintien du taillis - futaie régulière par conversion (= éclaircie de taillis) - futaie régulière par transformation (reboisement) |
futaie régulière | 100 à 150 ans | 60 à 100 tiges/ha | > 150 cm | - maintien en futaie régulière - conversion en futaie irrégulière |
peuplement irrégulier | interventions tous les 15 à 20 ans (coupe de type jardinatoire) | - | > 150 cm | - maintien en peuplement irrégulier |
Le chêne rouge d’Amérique
Le Chêne rouge d’Amérique est un feuillu qui peut atteindre 25 m de hauteur. Il présente un houppier développé avec de grosses branches redressées.
Son écorce, longtemps lisse, se crevasse vers 20 - 30 ans.
Les feuilles sont alternes, grandes (12 à 20 cm) avec des lobes très marqués à pointes fines. Elles prennent une couleur rouge vif à l’automne.
La floraison du Chêne rouge a lieu en mai. Les glands assez gros présentent une cupule aplatie. Ils mûrissent en 2 ans.
Exigences
Le Chêne rouge résiste mieux que les chênes indigènes aux grands froids et aux gelées tardives. Il se développe particulièrement bien dans les zones les plus arrosées de la région.
C’est une essence qui préfère les sols légers, même très acides. Le chêne rouge craint les sols superficiels et ceux qui présentent des traces d’hydromorphie en surface. Il ne supporte pas le calcaire actif.
Ennemis
Le chêne rouge est très apprécié par les cervidés (abroutissement et frottis).
Ses ravageurs sont peu nombreux hormis la maladie de l’encre due à un champignon racinaire.
Production
Le Chêne rouge d’Amérique croît rapidement dans le jeune âge. Il doit être exploité vers 60 ans pour éviter les risques de pourriture du coeur et les dépérissements qui apparaissent fréquemment vers 80 ans. Son accroissement est souvent supérieur à 8 m3/ha/an. C’est une essence qui rejette de souche.
Utilisations du bois
Son bois est de bonne qualité mais il n’atteint jamais les classes de qualité supérieure des chênes indigènes (chênes sessiles et pédonculés). Les usages les plus courants sont le tranchage, l’ébénisterie, les menuiseries intérieures (mauvaise conservation du bois en extérieur).
Objectifs sylvicoles possibles
Objectifs | Age d'exploitabilité | Densité finale par ha | Circonférence d'exploitabilité |
futaie régulière bois d'oeuvre | 50 à 70 ans | 80 à 120 tiges/ha | 150 à 180 cm |
futaie régulière petit bois d'oeuvre et bois d'industrie (itinéraire de "rattrapage" pour les peuplements souffrant d'un retard d'éclaircie) | variable en fonction du peuplement initial trop dense | > 130 cm |
Vidéos
- Les chênes, chronique d'une reconquête
- Éclaircir un taillis de Chêne