Les entretiens d'une peupleraie

L'entretien par travail du sol

C'est la technique culturale la plus valorisante. Elle permet un gain en croissance important :

  • elle aère le sol ;
  • elle facilite la reprise des plants. Leur croissance active débute plus tôt. Le risque d’attaques parasitaires est ainsi diminué ;
  • l’élimination de la végétation concurrente, notamment herbacée, est complète ;
  • l’évaporation de l’eau du sol est freinée. L’alimentation en eau des peupliers se trouve améliorée ;
  • les éléments minéraux du sol sont mis à la disposition des racines.
Règles d’exécution

La profondeur de travail sera toujours faible : 10 à 15 cm.

L’opération n’est à envisager que durant les trois à quatre années qui suivent la plantation. Au-delà, le gain en production n’est plus assez important pour la rentabiliser.

Époque d’intervention

Elle sera fonction de la nature et de l’état de la végétation : les graminées, le Liseron ou le Chardon sont à détruire plus rapidement que l’Ortie ou la Reine des prés (concurrence importante, développement et propagation plus rapides). D’une façon générale, on peut préconiser un premier passage au printemps, puis un second au début de l’été. Il est conseillé de croiser le sens de ces deux passages ; dans le cas d’un seul passage par an, mai-juin est une bonne époque.

Précautions

Le travail du sol est à proscrire :

  • dans les sols fragiles ou peu portants (tourbeux) ;
  • dans les sols trop superficiels, avec une nappe d’eau proche de la surface ;
  • dans une peupleraie où le sol n’a pas été travaillé depuis au moins trois ans. Avec un nouveau passage, de nombreuses racines de peupliers seraient détruites en surface.

Attention au problème de battance avec des sols à texture limoneuse (risque de formation d’une croûte imperméable en surface).

Eviter de passer les engins trop près du pied des arbres au risque de les blesser. Préférer un désherbage chimique localisé en complément.

Matériels utilisables
  • Matériels à disques (de type cover-crop) : ils ne doivent pas travailler trop profondément. 
  • Fraises rotatives permettent d’obtenir de bons résultats. Attention à l’apparition d’une « semelle » compacte en terrain argileux.
  • Cultivateurs et engins à dents : pour être efficaces, ces outils doivent être utilisés plusieurs fois dans l’année sur une végétation peu développée. 

L'entretien par broyage de la végétation concurrente

Le broyage détruit la partie aérienne de la végétation concurrente sans atteindre son enracinement. 

C’est le minimum d’entretien à assurer. Il peut suffire dans certaines conditions :

  • sol avec un plan d’eau proche de la surface ;
  • terrain à forte potentialité populicole. Il est à effectuer au moins une fois par an pendant les premières années. Il prend de toute façon le relais du travail du sol lorsque celui-ci n’est plus envisageable.
Matériels

Avec une végétation peu développée, un broyeur léger ou même une faucheuse agricole peut suffire.

Époque d'intervention

Juin-juillet dans le cas d’un passage unique par an. Si le terrain le permet, un passage en mai puis un second en août-septembre.

 

L’entretien par pâturage

Il peut être préjudiciable pour les arbres (écorçage, tassement du sol, …).

 

La fertilisation de départ

La fertilisation de départ ou “starter”, influence largement le démarrage d’une plantation. Elle permet d’atténuer la crise de transplantation des jeunes plants. Ceux-ci s’installent plus facilement et entrent rapidement dans leur phase de croissance active. 

Les plants sont plus vigoureux et sont donc moins vulnérables aux attaques des parasites de faiblesse (lutte préventive).

Un gain de un à deux ans sur l’âge d’exploitabilité peut être facilement obtenu.

  • Éléments à apporter

- solution idéale (par pied) : 500 gr de phosphate d’ammoniaque + 150 à 200 gr de sulfate de potasse.

- solution pratique : engrais complet 10/20/10 ou 15/15/15 à raison de 1 kg par pied. Toute formule approchant ces schémas peut également convenir.

- l’apport d’azote seul ou en plus grande quantité est à réserver uniquement pour les arbres qui souffrent (effet “coup de fouet”).

  • Mode d’apport

- la première ou la deuxième année de plantation, en avril-mai (jamais au-delà de fin juin) ;

- en couverture (sur le sol). En cas de présence d’herbe et pour que la fertilisation ne profite qu’aux arbres, celle-ci sera combinée à un entretien mécanique ou chimique exécuté préalablement ;

- en couronne, à environ 20 cm autour du pied du plant.

  • Précautions

Il est inutile d’augmenter la dose d’engrais : le gain en croissance des plants ne sera pas plus important.

Certains éléments (azote, potasse) apportés en trop grande quantité peuvent induire un effet dépressif. De plus un surdosage peut-être dommageable à l’environnement.

L’engrais ne doit en aucun cas entrer en contact direct avec les racines des peupliers : éviter un apport dans le trou de plantation.

Dans des terrains riches et avec des cultivars présentant généralement une forte branchaison, (‘Alcinde’, ‘Triplo’, …), cette fertilisation sera déconseillée afin de limiter le développement des branches. 

La fertilisation d’entretien

Cette opération est le plus souvent inutile car non rentable économiquement. Le gain de croissance quelle occasionne est toujours inférieur à celui apporté par le travail du sol. Elle peut être envisagée uniquement pour corriger des carences qui seront constatées par diagnostic foliaire

Pour les peupliers interaméricains, cette fumure peut favoriser une plus forte branchaison et augmenter le risque de bris de cime.

Les cultures intercalaires

Les cultures intercalaires sont envisageables les premières années (de un à trois ans). Elles favorisent largement la croissance des peupliers en assurant un entretien soigné du sol. En revanche, le terrain doit toujours être bien alimenté en eau.

Précautions

Ne pas passer trop près des arbres avec les engins pour éviter des blessures aux troncs et aux racines. Une distance non travaillée de 0,50 mètres à partir des peupliers est nécessaire.

Le labour du sol ne devra pas être trop profond.

Fertiliser normalement la culture. En complément, une fertilisation localisée peut être apportée aux peupliers.

Le maïs est un bon choix. Les cultures fourragères sont à éviter car trop exigeantes en eau au printemps. L’emploi de désherbant est possible dans les cultures.

Les produits utilisés et les doses épandues devront être compatibles avec le peuplier.