• Les animaux domestiques

    Vaches et chevaux peuvent occasionner de lourds dégâts dans les plantations : casse ou écorçage de jeunes plants, tassement du sol qui empêche une bonne aération.

    Ces animaux sont à éviter dans les peupleraies. Les protections individuelles (corsets métalliques) n’offrent pas une garantie totale contre leurs dommages.

    Les moutons causent des dégâts accidentels (morsure, casse, écorçage) mais une surveillance est à exercer.

    • Le Chevreuil et le Cerf

    Ils provoquent des dégâts par :

    - frottis : au printemps, pelure de l’écorce sur une hauteur de 20 à 80 cm pour le chevreuil et de 1 m à 1,50 m pour le cerf, par frottement des bois de l’animal sur les jeunes arbres ;
    - écorçage : en hiver ou au printemps, consommation d’écorce qui se traduit par la casse au vent de la tige ou sa mort en cas d’annelation complète.

    Si la présence de ces animaux est constatée, la pose de protections individuelles (manchon ou gaine grillagée en plastique) de 1,20 m de hauteur pour le chevreuil et 1,80 m pour le cerf, est indispensable à la plantation.

    • Le Lapin, le Ragondin et le Rat musqué

    Ils écorcent le pied de l’arbre sur 20 à 50 cm de haut. De plus, rat musqué et ragondin creusent les berges, ce qui peut déstabiliser la première ligne de peupliers.

    Moyens de lutte :

    - pose de protections individuelles de 50 cm de haut : manchon ou gaine grillagée en plastique.
    - éviter l’emploi de sac ou partie de bouteille plastique qui, sans aération, échauffent le pied des plants.
    - piégeage ou pose d’aliments empoisonnés pour Rat et rRagondin. Ne peut être réalisé qu’en liaison avec les syndicats de défense contre les ennemis des cultures.
    - une parcelle maintenue propre est moins sujette aux attaques.

    • L’Écureuil

    Il est à l'origine d’écorçage dans la partie supérieure des arbres (à 6 - 8 mètres de haut en général). La cime casse au niveau de la partie écorcée lors d’un coup de vent.

    /!\ Aucun moyen de lutte n’est applicable car cet animal est protégé.

    • Le Castor

    Les attaques de castors sont imprévisibles et inégales. Le long d'un même cours d'eau, on peut trouver un seul arbre écorcé et quelques kilomètres plus loin, une peupleraie détruite à 50 %. Cet animal amphibie est très mal à l'aise sur terre. Il cherchera toujours sa nourriture au plus près de la berge, à savoir dans la ripisylve. Si celle-ci n'est pas assez riche, il ne s'aventurera pas au-delà de 30 mètres du cours d'eau.

    Moyens de lutte :

    Pour protéger les peupliers déjà en place, une seule technique est efficace : un grillage d'un mètre de haut maintenu par 4 piquets solides. La technique est imparable sauf en cas de forte montée des eaux... mais elle est très onéreuse : 5,50 € par protection sans compter l'indispensable dépose.

    L'installation d'une ripisylve fournit un bon écran de protection. Le bouturage de saules fonctionne très bien et ne coûte rien si ce n'est un peu de temps. Dernière option, reculer les peupleraies de 30 mètres des berges, ce qui représente tout de même la perte de 4 lignes d'arbres. Cela condamne la populiculture dans les vallées étroites… 

    /!\ Le Castor est strictement protégé au niveau national et européen. Sa destruction, capture, détention et commercialisation sont formellement interdites, et ses terriers, huttes et barrages sont également protégés.

  • Les insectes xylophages pondent leurs œufs en été dans les aspérités de l’écorce. Les cultivars à écorce épaisse et crevassée sont donc plus attaqués que les autres. C’est le cas pour ‘I.45-51’ et les clones deltoïdes (surtout ‘Alcinde’)

    Les larves de ces insectes creusent des galeries dans le bois.

    • La Grande Saperde (Saperda carcharias)

    La larve de ce longicorne est un gros ver blanc appelé « turc ». Elle creuse une galerie verticale dans la partie inférieure du tronc des jeunes peupliers. Des trous accompagnés de rejets de sciure et d’écoulement de sève sont visibles dès le printemps.
    Les larves commencent à s’enfoncer dans le bois dès mars, la nymphose a lieu en été. Le cycle peut s’étaler sur deux ans.
    Dégâts : affaiblissement général des arbres et (ou) casse des arbres par le vent. 

    • La Petite Saperde (Saperda populnea)

    Elle sévit surtout en pépinière mais peut attaquer de jeunes plantations.
    Symptômes : renflements semi-circulaires dans la partie supérieure des jeunes troncs et sur les rameaux latéraux.
    Dégâts : casse des tiges ou des rameaux. 

    • Le Charançon de la patience (Cryptorrhynchus lapathi)

    Sa larve mine le bois en provoquant des renflements autour du tronc des jeunes plants.
    Il y a brunissure de l’écorce et rejets de sciure.
    Dégâts : casse de la tige, affaiblissement du sujet.

    • La Petite Sésie (Sciapteron tabaniformis)

    Elle s’en prend surtout aux jeunes plantations. Les dégâts se reconnaissent par la succession de renflements sur les tiges. 

    • La Grande Sésie (Aegerias apiformis)

    Elle attaque la base des tiges : le peuplier réagit au creusement des galeries par un renflement de son pied.
    Les trous ne débouchent pas toujours sur l’extérieur et il n’y a pas forcément rejet de sciure.
    Les galeries descendent dans les racines et provoquent à terme la pourriture du pied : l’arbre casse au ras du sol.
    Les dégâts peuvent s’observer sur des arbres de tous âges.

    • Le Cossus (Cossus cossus)

    Ce papillon pond souvent sur les plaies d’élagage et autres blessures. La base du tronc peut être aussi touchée.
    Sa grosse larve est d’une couleur rouge caractéristique.
    On observe un écoulement de sève brunâtre sortant des trous avec rejet de sciure rougeâtre.
    Dégâts : dépérissement et casse de l’arbre.

    • La Zeuzère (Zeuzera pyrina)

    Papillon non spécifique du peuplier. Sa larve creuse de nombreuses galeries dans le tronc des arbres adultes.

    • Les Agriles (Agrilus sp.)

    Ce sont de petits insectes qui creusent des galeries sinueuses sous l’écorce.
    Une fente verticale apparaît sur le tronc des sujets atteints ; il y a rejet de déjections de vermoulure compressée.
    Ils provoquent le dépérissement de l’arbre. Les agriles sont surtout des parasites de faiblesse : les peupliers mal venants ou ayant subi un stress sont attaqués.

    • Le Puceron lanigère (Phloeomyzus passerinii)

    Des pucerons verts jaunâtre, cachés sous des sécrétions cireuses blanchâtres, apparaissent de mai à octobre. Les troncs sont recouverts d’un feutrage blanchâtre correspondant aux colonies de pucerons. Celles-ci sont notamment présentes dans le tiers supérieur de l’arbre.

    Les attaques anciennes laissent apparaître une écorce craquelée (aspect de « peau de lézard ») et un feutrage noirâtre lié à la fumagine (champignon se développant grâce au miellat des pucerons mais sans conséquences pour l’arbre).

    Les dégâts sont liés aux sécrétions injectées par l’insecte à travers de l’écorce. La circulation de la sève se trouve perturbée.

    Cet insecte provoque une forte diminution de la croissance, une sensibilité accrue aux parasites de faiblesse et des mortalités rapides en cas d’attaques massives.

    Cultivar très sensible : ‘I 214’ ; cultivars sensibles : ‘Dorskamp’, ‘Triplo’.

    Les moyens de lutte :

    Les milieux de vallée envahis de souches pourries et de bois morts sont favorables à la multiplication des insectes xylophages. De même, ils sont plus nombreux et virulents quand une végétation herbacée foisonne au pied des arbres.

    Lutte préventive:

    - contrôler l’état sanitaire des plants sortant de pépinière;
    - pratiquer une culture soignée : fertilisation « starter », désherbage, travail du sol...
    - traitement insecticide : certains produits se sont montrés efficaces en expérimentation et en pépinière (pulvérisation ou badigeonnage) mais ne sont pas actuellement homologués « forêt ».

    Lutte curative:

    - couper et brûler les rameaux atteints (cas de la Petite saperde);
    - détruire les plants attaqués (pour le Charançon ceci est très efficace car cet insecte ne se propage que très lentement);
    - injecter dans les galeries un produit insecticide, puis reboucher le trou avec du mastic. 

    • Les chrysomèles (Mélasoma populi et M. phyllodecta)

    Les feuilles sont trouées par de petits coléoptères rouges ou bleus à reflet métallique. Elles sont décapées par les larves de ces insectes : la défeuillaison peut être totale. L’arbre est affaibli et sa croissance ralentie.

    • Les fausses chenilles groupées en colonies

    Plusieurs espèces existent dont la Tenthrède du peuplier (Trichiocampus viminalis) : larve très poilue de couleur jaune. Les feuilles peuvent être complètement consommées. Ces insectes phyllophages sont surtout dangereux pour les jeunes plantations qui ont peu de feuillage : une surveillance est nécessaire.

    • La tordeuse des pousses ou Sémasie (Gypsonoma aceriana)

    Elle provoque un gonflement des bourgeons ou des pousses de l’année, avec la sortie de déjections en forme de crosse sombre. La pousse apicale meurt : l’arbre prend un port buissonnant. 

    Remèdes : éliminer les pousses atteintes et "refaire la tête" des sujets par une taille de formation. 

    Les maladies du feuillage des peupliers

    • Les rouilles

    Il existe trois espèces de ce champignon foliaire.

    - Melampsora allii populina ;
    - Melampsora larici populina (races E1 , E2 , E3 , E4 , E5) ;
    - Melampsora medusae.

    L’attaque se manifeste par l’apparition de pustules orangées sur la face inférieure des feuilles, parfois dès juin. Elle entraîne la chute précoce des feuilles et provoque alors une réduction de la croissance. Les dégâts dépendent de la précocité et de la sévérité de l’attaque. Cette dernière est aggravée en présence d’une forte hygrométrie, d’une température moyenne et d’un confinement des arbres. Les attaques précoces entraînent des dérèglements physiologiques qui perturbent l’aoûtement et la constitution des réserves en fin de saison.

    Des défeuillaisons répétées affaiblissent considérablement les peupliers et favorisent l’apparition d’un parasitisme de faiblesse (Discoporium ; Cytospora).

     

    Tous les cultivars n’ont pas le même degré de sensibilité :

    Cultivars Sensibilité Espèces et races de Rouille

    'Blanc du Poitou'

    Faible

    Toutes les rouilles

    'Dorskamp'

    Moyenne

    Race E4 de M. larici populina

    'Flévo'

    Faible

    Race E4 de M. larici populina

    'I.214'

    Légère

    Toutes les rouilles

    'I.45-51'

    Faible à moyenne

    Toutes les rouilles

    'Alcinde'

    Faible

    Toutes les rouilles

    'Beaupré'

    Forte

    Race E4 de M. larici populina

    'Unal'

    Moyenne

    M. larici populina

    'Triplo'

    Faible

    Toutes les rouilles

    'Koster'

    Faible

    Toutes les rouilles

    'Raspalje'

    Légère

    Toutes les rouilles

     

     

     

    Lutte préventive :

     

    - préférer des cultivars tolérants à plusieurs espèces et races de rouilles.

    - diversifier au maximum les cultivars tant au niveau de la parcelle qu’à l’échelle régionale en limitant les surfaces unitaires par cultivar à 2-3 ha. Les cultures monoclonales augmentent considérablement les risques de développement épidémique des rouilles.

    • La Brunissure du feuillage (Marssonina brunea) 

    L’attaque de ce champignon se manifeste par la présence de taches brunes sur les feuilles et les nervures. Les tissus qui les entourent jaunissent puis brunissent.

    Une forte attaque sur les cultivars sensibles provoque une chute précoce des feuilles, parfois dès les mois de mai et juin. Les défeuillaisons précoces entraînent une réduction de la croissance. Des attaques répétées affaiblissent considérablement les peupliers et favorisent l’apparition d’un parasitisme de faiblesse (Discoporium , Cytospora).

    La conjugaison de précipitations importantes et de températures moyennes de 12 à 20°C est favorable au développement de la maladie. Tous les cultivars n’ont pas le même degré de sensibilité :

    - cultivars indemnes ou peu sensibles : ‘Unal’, ‘Raspalje’, ‘Dorskamp’, ‘Flévo’, ‘Triplo’;
    - cultivars sensibles : ‘Blanc du Poitou’, ‘Robusta’ ;
    - cultivars très sensibles : ‘I.214’, ‘I.45-51’, ‘Ghoy’, ‘Koster’ .

    Lutte préventive :

    - préférer des peupliers tolérants et favoriser les cultures multi clonales en limitant les surfaces unitaires par cultivar à 2-3 ha.

    - élaguer pour éliminer une partie de l’inoculum contenu au niveau des rameaux et pour favoriser la ventilation de la peupleraie.

    Traitement pour les rouilles et Marssonina: Antrex© (matière active : cyproconazole), est homologué à la dose de 80 g de produit par hectolitre d’eau. Ce traitement est coûteux et difficile à mettre en œuvre.

    • La Cloque dorée (Taphrina populina) 

    Ce champignon apparaît sous la forme de boursouflures de 1 à 3 cm de diamètre à la face supérieure des feuilles. A la face inférieure, les cloques sont tapissées d’une poussière jaune d’or (spores du champignon). C’est un pathogène printanier favorisé par les fortes hygrométries. Son développement est contrarié par des températures estivales élevées.

    La maladie entraîne le dessèchement et la chute prématurée des feuilles. La cloque n’a généralement que peu d’incidence sur la croissance des arbres. Elle affecte de nombreux peupliers. Le ’Blanc du Poitou’ est un des cultivars les plus sensibles.

    • Les champignons parasites de faiblesse

    Discosporium populeum (ancien nom : Dothichiza populea) pénètre dans les rameaux et les tiges des jeunes peupliers à la faveur de blessures.

    Il se manifeste par l’apparition de taches nécrosées brun clair sur les rameaux et les tiges. Dès la fin de l’hiver, on observe un tissu brun noirâtre et humide sous l’écorce. En mars-avril, des pustules (fructifications) saillantes et noirâtres émettent une glaire de couleur crème.

    Un autre champignon pathogène, le Cytospora chrysosperma présente des symptômes similaires : les pustules sont plus petites (moins de 1 mm de diamètre) et émettent des cordonnets glaireux de couleur jaune orangé.

    La mort de l’arbre survient souvent rapidement, surtout pour les cultivars sensibles : 

    - cultivars résistants : ‘Dorskamp’, ‘I.45-51’ ;
    - cultivars peu ou faiblement sensibles : ‘Raspalje’, ‘Blanc du Poitou’ ;
    - cultivar sensibles : ‘Robusta’. 

    Moyens de lutte:

    - couper et brûler les sujets atteints;

    - à titre préventif, placer les plants dans les meilleures conditions de végétation possible :

    - choisir un cultivar adapté à la station ;
    - si possible, travailler le sol au préalable ;
    - apporter un engrais “starter” ;
    - réhydrater les plançons par trempage avant la plantation.

    • Fusarium (Fusarium avenaceum) 

    Ce champignon pénètre dans les tissus de l’arbre à la faveur d’une blessure. Il est fréquent en pépinière mais aussi sur des arbres plus âgés (10 à 15 ans) dont les fibres ont souffert sous l’action du vent (exemple typique : ‘1.45-51 ‘).

    Les dégâts prennent l’aspect de bourrelets cicatriciels obliques sur l’écorce. 

    Aucun moyen de lutte n’existe en plantation. 

    Cultivar sensible : ‘I.45-51’.

    • La maladie de la tache brune

    Cette affection d’origine physiologique et non parasitaire se caractérise par l’apparition de taches brunes voire violacées, en creux sur l’écorce. A un stade plus avancé, des écoulements brunâtres apparaissent. Bien souvent, il y a mort des tissus sous-corticaux. Le bois sous-jacent est désorganisé. Aucun champignon ou bactérie n’a pu être mis en cause.

    Ces dépérissements sont consécutifs à un stress subi par l’arbre : sécheresse estivale ou excès d’eau. Un parasitisme secondaire peut apparaître sur les peupliers atteints (agriles, champignons).

    Cultivars concernés (à tous âges) :'Robusta', 'I.214', 'Blanc du Poitou'.

    • Le Gui (Viscum album)

    Présent presque partout dans notre région, il affaiblit considérablement les arbres qu’il parasite. Le bois est déprécié en cas d’infestation du tronc (perforations). 

    • Les accidents météorologiques

    - Le gel : les gelées précoces ne sont pas un danger dans la région, mais il convient de se méfier des gelées tardives. Dans les trous à gelée, éviter d’installer un clone à débourrement trop précoce (‘Raspalje’).

    - Les dégâts dus au vent : lors de coups de vent exceptionnels, il y a bris de cimes et de troncs. Aucun clone ne résiste vraiment aux tempêtes. Les cultivars de peupliers n’ont pas tous la même résistance face au vent : leur branchaison est déterminante. 

    - cultivars très sensibles (à cause de la présence des fourches) : cultivars deltoïdes;
    - cultivars assez fragiles ("bois cassant"): ‘I.45-51’, ‘Robusta’;
    - cultivars assez résistants : ‘Blanc du Poitou’, ‘Dorskamp’.

    Précautions à prendre : supprimer un maximum de fourches et éviter un élagage trop brutal pour le cultivar ‘I.45-51’ (cime sensible).