Les plants de peuplier

La populiculture actuelle n’utilise plus de plants racinés.

Seuls les plançons sont employés. Ce sont des plants dont le système racinaire a été coupé : ils constituent en fait de grandes boutures.

Leur utilisation facilite la plantation :

  • section des trous moins importante ;
  • plus grande profondeur atteinte ;
  • développement racinaire harmonieux.

Dans tous les cas, les plants racinés ne se montrent pas plus vigoureux au démarrage qu’un plançon.

Deux modes de production des plançons existent :

  • plançon issu d’une bouture sur la planche de pépinière. Le plant est coupé à quelques centimètres du sol ;
  • plançon issu d’un pied mère : il est produit à partir d’un rejet formé sur l’ensouchement d’un plant précédemment coupé. Sa croissance en pépinière est donc plus rapide. 

 

Âges et dimensions 

Les dimensions des plançons sont réglementées par des normes européennes qui différencient plusieurs catégories. Les anciennes catégories du FFN (Fonds Forestier National) restent utilisées :

CatégorieCirconférence
(en cm)
Appelation
courante
Hauteur minimale
(en mètre)
A17,85 à 9,428-103,25
A29,43 à 12,5710-123,75
A312,58 à 15,7112-144,50

 

En règle générale, pour deux plants de la même dimension, il faut utiliser celui qui est le moins âgé, preuve d’une meilleure vigueur.

L’âge de la tige autorisé à la vente est de trois ans maximum.

Le choix de la catégorie des plants à installer est à faire en fonction des conditions de sol et des techniques de préparation du terrain

  • Plançon de catégorie A1:
    - à installer dans des terrains riches et / ou bien préparés. Dans ce cas, il possède une vigueur supérieure car il a des besoins nutritionnels moindres lors de la reprise. Au bout de trois à cinq ans, il a généralement rattrapé son retard par rapport à un plus gros plançon;
    - plant moins cher à l’achat;
    - privilégier le plant d’un an. 
  • Plançon de catégorie A2:
    - plant classiquement utilisé;
    - offre un bon compromis pour tous les types de terrains : réserves suffisantes, exigences nutritionnelles non excessives;
    - plant produit en un ou deux ans.
  • Plançon de catégorie A3:
    - à n’utiliser que dans des stations riches et bien alimentées en eau : besoins nutritionnels importants malgré des réserves plus conséquentes;
    - à employer surtout pour les éventuels regarnis (remplacement de plants morts) en raison de sa grosseur;
    - plant produit en deux ou trois ans. Le plançon de trois ans n’est à accepter que si sa dernière pousse en pépinière a été suffisamment vigoureuse. 

Qualité

Les plants doivent être de qualité loyale et marchande. Il faut refuser les plants présentant:

  • une trop forte courbure ou une tige multiple;
  • un aoûtement incomplet;
  • des blessures ou une cime cassée;
  • des échauffements, des moisissures ou des dégâts d’insectes.

En outre, il est important de connaître l’état sanitaire de la pépinière : le développement important de rouille ou de Marssonina affaiblit considérablement les plants.

La préparation des plants

La livraison

Les plançons doivent être livrés et plantés le plus rapidement possible après leur coupe en pépinière pour éviter leur dessèchement. Un plant desséché a une reprise difficile. Il est très sensible aux parasites de faiblesse comme Discoporium populeum (ancien nom : Dotichiza populea).

La mise en jauge

Lorsque les plants arrivent sur le terrain, s’ils ne peuvent pas être plantés immédiatement, leur mise en jauge est obligatoire.

Deux techniques existent :

  • La mise en jauge classique:le pied des plants est recouvert d’une terre fine et bien tassée dans une tranchée aménagée à cet effet. Les plants doivent être verticaux (aucun contact de la partie aérienne avec le sol);les bottes de plants sont déliées. 
  • La mise en jauge dans l’eau courante:les plants sont toujours verticaux avec le pied qui “trempe” dans l’eau (fossé, cours d’eau). Très bonne technique permettant la réhydratation des plançons, conseillée pour les cultivars sensibles à la dessiccation (cultivars deltoïdes) ou sortant de chambre froide. Il faut veiller à ce que des rongeurs aquatiques ne viennent pas attaquer le pied des plançons immergés. On peut éventuellement protéger ces derniers avec du grillage.  
La préparation

Au moment de la plantation, le pied des plançons est taillé en biseau. La coupe est ainsi propre et fraîche. Il est également plus facile d’enfoncer le plant le plus profondément possible. 

Toutes les branches latérales doivent être coupées au ras du tronc. Au démarrage, l’apparition des feuilles et des racines se réalisera simultanément. Le plant ne se desséchera donc pas par une transpiration trop importante. 

L'époque de plantation

L’époque de plantation est choisie en fonction des conditions de terrain et des possibilités d’accès à la parcelle.

  • La plantation d’automne

La plantation d’automne est préférable quand il n’y a pas de risque d’inondation prolongée. La terre se tasse bien dans le trou de plantation durant l’hiver. Le développement des racines est plus précoce. Le plant est plus vigoureux la première année.

Elle peut s’exécuter fin novembre début décembre ; la chute des feuilles doit être totale. Les plants doivent être parfaitement aoûtés (durcissement de la tige par la formation des tissus ligneux).

Il ne faut pas planter en période de gel car la terre gelée ne peut pas se tasser correctement.

  • La plantation de printemps

La plantation de printemps est à envisager pour les terrains inondables : le risque de pourriture ou de gel de l’écorce est moins important. 

On peut planter de février à mars. La plantation doit être terminée avant le départ de la végétation. 

  • La plantation tardive

La plantation tardive se réalise en mai - juin.

Elle ne doit concerner que les terrains restant longtemps mouilleux (crues tardives). 

Les plants doivent être conservés en chambre froide. 

Le retard du débourrement des plants est souvent important. Le développement des arbres la première année reste limité. 

La mise en place des plants

La plantation doit être profonde : une profondeur insuffisante est une cause d’échec dans les jeunes peupleraies. Une profondeur minimale de 0,80 m à 1 m garantit une bonne stabilité du plant au vent. En règle générale, il est impératif de descendre le pied du plançon au niveau de la nappe d’eau à l’étiage ou le plus proche de celui-ci. Le plançon peut alors rapidement s’alimenter en eau ce qui évite son dessèchement.

La terre doit être ameublie pour favoriser le bon développement et l’activité des racines : la plantation doit être particulièrement soignée dans les terrains difficiles (argileux), mal alimentés en eau ou peu préparés. Lors de l’ouverture du trou de plantation, il faut éviter d’en lisser les parois.

Techniques et matériels
  • Plantation avec tarière: c'est une bonne solution dans de nombreuses conditions,  Il en existe différents types :

- tarière actionnée par moteur de tronçonneuse et manœuvrée par deux hommes (bâti à quatre bras). Elle est pratique pour les parcelles de petite surface ou peu accessibles. Toutefois son utilisation est pénible;
- tarière portée sur le relevage d’un tracteur. Elle permet d’avoir un rendement élevé mais nécessite un sol portant. 

Les tarières mettent en œuvre différentes mèches :

- mèche hélicoïdale. Elle peut descendre à 1,20 m de profondeur et plus avec rajout d’une rallonge ; en terrain argileux, elle n’évite pas le lissage des parois sauf si la vrille de la mèche porte de petits ergots qui pourront gratter la terre ;
- mèche à couteaux. Elle peut être réversible et ouvre un trou sans en sortir la terre. Elle tourne en sens inverse pour se retirer. Elle évite le lissage des parois et ameublit bien la terre. Cette mèche est la mieux adaptée aux sols argileux.

La section de la mèche sera fonction des conditions de terrain : en bonne condition, sa grosseur peut être sensiblement identique à celle du plançon ; ce dernier sera alors planté en « forçant » et restera ainsi bien calé. 

Une mèche de grand diamètre est préférable en plus mauvaise condition (sol argileux). Le rebouchage du trou est alors à réaliser correctement.

Le calage du plant doit se faire à l’aide de sable de rivière qui s’infiltre facilement dans le trou de plantation.

  • Plantation à la pelle mécanique: technique qui permet d’ouvrir un trou ou de confectionner un potet travaillé d’un volume conséquent (au moins 1 m³). Cette méthode, bien que coûteuse,est a priori bien adaptée aux terrains argileux. 
  • Plantation à la barre à mine : technique à abandonner sauf pour les sols à texture légère (tourbe) et à nappe d’eau proche de la surface. Cette métode possède de nombreux inconvénients : lissage important de la paroi des trous de plantation,trou en forme d’entonnoir, plus faible profondeur atteinte.

 

Il faut toujours planter profond.

Le plant doit être bien calé et tassé au pied. Il ne doit subsister aucune poche d’air dans le trou de plantation et au contact des racines naissantes. Celles-ci se dessècheraient et ne pourraient pas se développer