La destruction des souches

Cette opération est toujours d’un coût élevé. Elle ne peut se justifier que dans les terrains à forte potentialité et les parcelles suffisamment grandes : 7 à 10 hectares minimum. Il faut privilégier les techniques qui bouleversent le moins le sol : éclatement ou broyage des souches.

Matériels utilisables : broyeurs lourds, fraises rotatives, dent Becker.

L’arrachage des souches est une méthode trop coûteuse qui laisse un terrain retourné. Dans le cas où cette dernière option est envisagée, on préfèrera le brûlage des souches à leur mise en andains (risque de colonisation par de nombreux rongeurs).

L'assainissement

Il consiste principalement à remettre en état des fossés. Ceux-ci ont pour objectifs :

  • de mettre à la disposition des racines de peupliers un volume de terre plus important en abaissant légèrement le niveau de l’eau dans le sol ;
  • d’évacuer rapidement les excès d’eau au printemps. En effet, les jeunes plants sont sensibles à l’asphyxie racinaire au moment du débourrement.

Plusieurs règles sont à observer :

  • l’ensemble des fossés doit constituer un réseau continu ;
  • ce réseau doit déboucher sur un exutoire qui permet un bon écoulement de l’eau ;
  • la profondeur des fossés est fonction de la hauteur du terrain par rapport à l’exutoire ;
  • il est préférable d’avoir une coupe de fossés en "V" plutôt qu’en "U" : le risque d’éboulement des berges sera moins important

Une autorisation administrative (DDT) est nécessaire avant toute intervention sur un réseau de fossés en communication avec les eaux libres.

La confection d’ados (planche de terre légèrement bombée) est aussi une bonne solution pour les stations hydromorphes. Elle permet d’offrir aux plants un peu plus de terre à prospecter.

Le broyage

Le broyage de la végétation avant la plantation est indispensable : 

  • en l’absence de travail du sol en préparation, le terrain doit néanmoins rester propre pour ne pas gêner les opérations de piquetage et de plantation ;
  • préalablement au travail du sol, le broyage doit être envisagé en cas de présence d’une végétation herbacée trop développée ou d’une végétation ligneuse.

Matériel utilisable :

  • végétation herbacée : un broyeur agricole convient ; 
  • végétation ligneuse développée : il faut utiliser un broyeur lourd forestier (à marteaux, à chaînes, …).

Le travail du sol

En préparation, le travail du sol se réalise sous forme de labour. Il est primordial pour les terrains à nappe profonde à l’étiage.

Intérêt :

  • le labour ameublit le sol et enfouit la végétation concurrente (tapis herbacé) ;
  • l’installation et la reprise des plants sont meilleures ;
  • la croissance active des jeunes peupliers débute plus tôt ; • le risque d’attaques de parasites de faiblesse est moindre.

Règles d’exécution : 

  • la profondeur du labour doit être de 30 cm minimum ;
  • il s’effectue sur la totalité du terrain à planter ;
  • le labour doit être réalisé sur un terrain ressuyé (non gorgé d’eau) ;
  • il est à prévoir si possible en août – septembre pour que le sol est le temps de se "rasseoir avant la plantation.

Matériels utilisables :

  • certaines charrues agricoles peuvent suffire, sinon on utilise une charrue forestière à socs ou à disques ;
  • le labour peut être suivi d’un travail superficiel à l’aide d’un engin à disques ou un cultivateur.

Le travail du sol en préparation est à proscrire dans :

  • les sols tourbeux à nappe d’eau proche de la surface. La portance du sol serait fortement réduite par la destruction du feutrage végétal;
  • les sols très argileux. Aucune amélioration n’est apportée. On risque de mélanger un horizon compact ou "stérile" à un horizon de surface moins défavorable.

Sur les sols à texture fragile (cas des sols fortement limoneux) le labour sera plus superficiel. Il faut alors utiliser du matériel léger afin de ne pas compacter le terrain. Un engin du type fraise rotative est suffisant.

La plantation en terrain ensouché

Il convient de maitriser les rejets de souche ;

Si possible, planter sur l’ancienne ligne en intercalant les plants entre les souches. Il faut alors une distance minimum d’un mètre entre un plant et une souche pour éviter tout problème sanitaire (pourriture).

 

Les distances de plantation

La densité de plantation est un élément capital : elle conditionne directement la production. Le choix des écartements de plantation dépend :

  • du volume de terre utilisable:

- à partir d’un certain âge, les arbres entrent en concurrence, que ce soit au niveau racinaire ou aérien. Dès ce moment, la croissance des peupliers commence à diminuer. Cette concurrence débute d’autant plus vite que la densité est forte. 

- en terrain profond (au moins 1 mètre de profondeur), un écartement entre les tiges de 7 mètres (7 m x 7 m soit 49 m3 par pied) est un minimum qu’il faut respecter. On considère effectivement que 50 m3 de terre par peuplier sont nécessaires pour permettre à celui-ci de croître correctement. En terrain plus superficiel, il y a tout intérêt à envisager des écartements plus importants.

  • des potentialités de la station:

moins le milieu est favorable, plus les écartements doivent être conséquents. Les potentialités du terrain sont ainsi mieux réparties entre les arbres. 

  • de l’objectif de production (grosseur de la bille):

- production de gros bois avec une faible densité : les arbres grossissent individuellement plus vite et plus longtemps.

- production de petits bois avec une forte densité : les arbres se concurrencent plus rapidement.

Les principales distances de plantation

Distances plantation

Densité théorique

Objectifs/ Conditions

Avantages

7 m x 7 m

204 tiges/ha

- stations riches
- production de bois petits à moyens
(environ 1,5 m3/tiges

- volume global à l'hectare souvent un peu plus important

8 m x 8 m 

156 tiges/ha

- production de plus gros bois
- sol superficiel ou de moindre potentialité
- densité idéale pour les cultivars les plus performants (ex: 'Dorskamp’, ‘Koster’)

- volume unitaire plus important
- coût de l’installation et des entretiens individuels moins élevé
- peupleraie mieux aérée : risques sanitaires moindres (maladies foliaires)
- peupleraie plus longévive : on peut mieux retarder la vente des bois en fonction des cours

Cas des alignements

Pour les plantations d’alignement (une ligne ou deux en pourtour de parcelle), une distance de 5 mètres entre les plants est un minimum.

Une distance de 6 ou 7 mètres est plus raisonnable à envisager.

Distance vis à vus des riverains

Au vu de la législation, les peupliers ne doivent pas être plantés à moins de deux mètres du fonds voisin. Une distance supérieure peut être imposée :

  • par des usages locaux ou des servitudes (se renseigner auprès de la mairie du lieu à planter) ;
  • pour l’octroi de primes ou d’aides financières.

En pratique, il est préférable de prévoir une distance d’au moins quatre mètres. Il est alors possible de maintenir les bords de parcelle propres en permettant le passage d’engins.

Il faut éviter d’installer les plants trop près de grands arbres ou de haies. Les jeunes plants seraient concurrencés au niveau aérien et subiraient un phénomène de phototropisme (orientation du végétal vers la lumière). Celui-ci est à l’origine de l’apparition de bois de tension. A terme, les billes de pied se trouvent fortement dépréciées.

La sensibilité au phototropisme varie suivant les cultivars :

  • Cultivars très sensibles : ‘Blanc du Poitou’, ‘Dorskamp’;
  • Cultivars peu sensibles : ‘I.45-51’ .

Distance vis-à-vis d’un cours d’eau

Une servitude de libre passage sur les berges de nombreux cours d’eau peut être instituée. Celle-ci est généralement de quatre à cinq mètres (se renseigner auprès de la Direction Départementale des Territoires).

Dans tous les cas, une distance de cinq mètres minimum doit être respectée entre le bord de la voie d’eau et la première rangée de peupliers.

Ces derniers peuvent ainsi développer un système racinaire bien réparti dans toutes les directions (meilleure colonisation du sol, meilleure stabilité des arbres). Cela permet également le passage d’engins sur les berges pour leur entretien.